Je ne pense pas vous l’avoir déjà avoué, mais dans ma jeunesse, j’ai été pêcheur.
Attention, ne me faîtes pas dire ce que n’ai pas dit, je ne vivais pas dans le péché (cette étape est venue un peu plus tard)… j’étais juste pêcheur!
Du genre à me lever à 5h du matin, enfiler mes waders et faire 120 bornes pour patauger les pieds dans l’eau toute la journée avec des amis une canne à la main et une bière dans la poche (parfois l’inverse).
Oui, un vrai pêcheur!… mais malheureusement un piètre pêcheur.
Parfois il faut savoir reconnaitre son manque de talent, et aujourd’hui je me présente à vous pour faire amende honorable.
Je suis, ou j’étais, le pire pêcheur jamais vu sur les rivières pyrénéennes et sur les terres du sud-ouest.
Avec moi, les poissons pouvaient nager tranquilles, aucun risque que je ne leur fasse du mal. Ceux qui ont le plus souffert de mes mésaventures sont les vers, teignes, vairons et arbres.
Bon, je ne sais pas si c’est la bière du matin ou mes 5 pouces à chaques mains gauches, mais déjà il me fallait 1/2h pour monter ma canne, faire mes noeuds et accrocher l’appat. Le temps que j’y arrive, mes « collègues », comme on dit dans le sud, avait déjà attrapé 3 truites farios et les avaient remise à l’eau parceque « wouaf! tu sais elle ne faisaient que 25cm… c’est que 5cm au-dessus de la maille… on va en prendre des plus grosses!… tu veux une biere? »
- « heuuu… attends, je viens juste d’accrocher mon horrible teigne en lui éclatant la tête avec l’hameçon et j’ai un jus verdatre qui dégouline de mes doigts… je crois que je vais attendre un peu… oh et puis non! Donnes en moi une, ça va m’aider!… »
Bref, 8h du matin, je rentre enfin dans l’eau.
Je prépare ma ligne, la lance et m’accroche dans un arbre…
L’astuce pour se défaire d’une branche est de tirer en douceur, sans forcer comme une brute pour ne pas tout casser et perdre son montage… mais vous savez quand on est mulsclé comme moi, on ne maîtrise pas sa force! A chaque fois je laissais donc la moitié de ma ligne dans les arbres (heureusement que le fil n’était pas trop solide, sinon je déracinais les arbres centenaires…)
Du coup, il faut remonter une ligne… et rebelotte… une demi-heure sans pêcher!
Bon je vous passe les épisodes où je m’accroche au fond, où je glisse sur les cailloux pour atterrir dans l’eau dans un grand splach faisant fuir tous les poissons à 1 km autour de moi ou encore le nombre de fois où j’ai perdu mon doux breuvage belge dans le courant.
Vraiment mes amis étaient patients avec moi.
Voyant que la pêche au toc n’était pas mon fort, ils ont décidé, dans leur grande sagesse et témérité, de m’initier à la pêche à la mouche.
Vraiment, je ne sais pas ce qui m’a prit ce jour là!
Car quand on a du mal dans les techniques de bases, la pêches à la mouche, c’est… comment vous dire… C’est un peu comme si vous ne saviez pas faire cuire un steack haché et que vous vous lanciez dans la cuisine moléculaire!
Et bien j’ai voulu être le Thierry Marx de la pêche à la mouche!
Dès la première leçon, j’ai compris que ça partait mal. Enfin c’est surtout Eric, mon ami et tuteur de pêche qui l’a bien compris.
La mouche est accrochée, la soie est dans l’eau, je commence le mouvenment pour faire voler ma ligne… je fouette! (c’est le terme technique, rien à voir avec une vie de dépravé)
J’envoie donc ma ligne vers l’avant, puis en arrière… j’étais un peu comme Brad Pitt dans « et au milieu coule une rivère ».
Sauf que moi j’accroche ma mouche quelque part derrière moi… sans regarder je tire un peu fort pour me décrocher (toujours en finesse me direz vous…) quand j’entends un gémissement derrière moi.
J’avais attrapé une belle prise! Eric!… par la lèvre inferieure!
C’est un homme fort cet Eric, il n’a pas pleuré… sauf peut être quand j’ai du enlever l’hameçon de sa lèvre et qu’il a vu la moitié de son visage accrochée au bout de ma ligne… (désolé encore mon vieux… si tu veux je connais de bons plasticiens…)
Bon vous l’avez compris, je n’ai pas longtemps insisté sur la pêche à la mouche.
Alors, j’ai tenté une dernière expèrience. La pêche au carnassier!
Avec cette pêche au moins on est sûr de voir du poisson, puisque qu’on en accroche un petit (un vif) à l’hameçon. C’est lui l’appat…. et c’est à peu près le seul poisson que j’ai vu!
Mais vous devez vous demander « pourquoi a t’il insisté et continué ce désastre pendant plusieures années? »
Tout simplement parceque ceux sont des moments magiques. On est au calme, dans la nature avec comme seuls bruits le son de la rivière et le chant des oiseaux, comme paysage la montagne ou la forêt et le tout avec de bons amis pour partager ce petit moment de calme.
Et puis si je revenais toujours bredouille, mes potes, eux, ramenaient de belles prises à déguster le soir!
Et je vous assure qu’on se régalait.
Aujourd’hui je continue toujours à pêcher. Mais j’utilise un nouvel appat : la carte bleue.
Avec cette technique, je ne reviens jamais bredouille!
La dernière fois que je suis allé chez mon poissonier, j’ai vu un superbe sandre! Pas très gros, mais ça faisait tellement longtemps que je n’en avais pas vu que je n’ai pas résisté.
J’ai sorti ma canne, mon appat » visa mastercard » et j’ai jeté ma ligne sur l’étal… et je l’ai férré!
Le combat n’a pas été trop rude, dans ma région les gens ne connaissent pas trop la valeur de ce poisson et j’étais le seul sur le coup. Je l’ai ramené en douceur sur le bord de l’étal avant de le ramener fièrement à ma moitié : « chérie?! t’as vu ce que j’ai pêché aujourd’hui? Un sandre!!! »
Je pouvais lire dans les yeux de mon amour de la fierté… Enfin j’arrivais à nourrir la tribu de ma pêche!
Laissez tomber les waders et les vers! Courez chez votre poissonier et demandez lui s’il a du sandre.
Vous pourrez ainsi préparer un filet de sandre sur son pancake, courgettes et artichauts tournés, petites girolles, jus de pigeon…
Si vous ne connaissez pas ce poisson, je vous incite vraiment à le découvrir.
Ce carnassier vit en eau douce, sa chair d’un blanc nacrée est aussi douce et tendre que celle du loup… c’est à mon avis la rolls des poissons de rivières.
Pour l’accompagner, j’avais en ma possession quelques girolles, artichauts et courgettes (jaunes et vertes). Et j’avais en plus un reste de jus de pigeon (il y a des restes comme ça parfois qui apportent du bonheur aux papilles). L’association jus de pigeon et poisson peut surprendre et pourtant c’est un très beau mariage. Les jus de viandes ne sont pas assez souvent utilisés, à mon humble avis, avec les produits de la mer (ou dans le cas présent de rivière).
Et vous me direz mais pourquoi les pancakes?… ben… pour être tout à fait honnete, c’etait un essai. Tout comme le jus de pigeon, après le petit déjeuner il me restait quelques petits pancakes maison. Je me suis dit pourquoi pas? Après tout c’est un peu comme des blinis (hum…).
Et pareil, ça fonctionne bien! Rien d’extraordinaire, bien sûr, mais cela apporte un petit plus au plat, comme une petite mouillette permettant de saucer le fond de l’assiette pour faire durer le plaisir.
Ingrédients : (pour 4 personnes)
- 1 à 2 sandres selon la taille.
- 1 courgette verte
- 1 courgette jaune
- 4 artichauts poivrades
- 4 tomates cerises
- 200g de girolles
- 15cl de vin blanc
- 1 jus de citron
- Quelques pancakes
- beurre
- sel/poivre
Pour le jus de pigeon :
- 2 carcasses de pigeon
- 2 carottes
- 1 gousse d’ail
- 1 oignon
- 1 bouquet garni
- huile d’olive
- sel/poivre
Commencer par le jus de pigeon.
Nettoyer bien les carcasses des impuretés, les casser grossièrement.
Dans une casserole huilée, faire chauffer, à feu vif, les carcasses.
Remuer régulièrement, bien les saisir.
Ajouter les carottes coupées en rondelles, l’oignon ciselé et la gousse d’ail claquée.
Bien saisir et laisser attraper au fond de la casserole.
Déglacer avec de l’eau (ou mieux, un peu de vin blanc) et à l’aide d’une cuillère en bois bien décoller les sucs au fond. Couvrir d’eau, ajouter le bouquet garni et laisser réduire à tout petit feu.
Filtrer le jus, vérifier l’assaisonnement et éventuellement refaire réduire si vous aimez le jus plus ou moins corsé.
Ecailler et vider les poissons. Lever les filets et enlever la peau.
Selon la taille de vos filets, superposer deux filets l’un sur l’autre ou non.
Déposer sur une feuille de papier cellophane légèrement huilée. Saler le poisson et le rouler bien serré dans le cellophane. Serrer et fermer les bords et réserver au frais.
Laver vos courgettes et les tourner (si vous ne connaissez pas la technique je vous renvoie sur le fabuleux site le sot l’y laisse où tout est bien expliqué). Les réserver au frais.
Tourner les artichauts (cette fois ci je vous renvoie sur le site de chef simon.. comme ça il n’y aura pas de jaloux ![;)]()
et les conserver dans un bain d’eau citronée pour éviter l’oxydation.
Laver et couper les pieds de vos gilolles.
Saisir rapidement dans une poêle huilée vos courgettes et couvrir rapidement à mi-hauteur avec de l’eau. Ajouter une noix de beurre et cuire ainsi vos courgettes en les remuant régulièrement. Le but est de les garder légèrement croquantes. Ajouter au dernier moment vos tomates cerises (quand il reste encore un peu de liquide)
Dans une autre poêle huilée, déposer vos artichauts salés, saisir rapidement et verser le vin blanc. Ajouter éventuellement un peu d’eau et une noix de beurre. Ici aussi, ils doivent rester un peu croquants.
Poêler rapidement vos girolles dans du beurre. Laisser leur rendre leur eau de végétation puis rajouter une bonne noix de beurre.
Cuire votre poisson à la vapeur (toujours filmé dans le cellophane) cinq petites minutes.
Voilà il ne vous reste plus qu’à dresser.
Dans vos assiettes chaudes, déposer 2 ou 3 pancakes, ôter le poisson de son celophane et le déposer au centre de l’assiette. Poser harmonieusement vos légumes et champignons. Ajouter quelques herbes, de la fleur de sel et verser le jus de pigeon chaud.
Bonne dégustation.
et les conserver dans un bain d’eau citronée pour éviter l’oxydation.
